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textes de Jean-Alain Sipra
«Le comte Bera»
 


Le Comte Béra
(texte de Jean-Alain Sipra)


Cité dans de très nombreuses chroniques anciennes, le comte Béra est incontestablement le plus marquant de seigneurs de Rhedae de l'époque carolingienne. Son nom vient du germain " ber " qui signifie " ours ".

Fils du comte wisigoth Guillemund - seigneur des Hautes-Terres établi comte de Razès par Charlemagne en 790 - il naquit sans doute vers 770, peu de temps après que les musulmans eussent été chassés de Septimanie par le roi franc Pépin le Bref.

Devenu très tôt un redoutable chef de guerre, il mit son talent et sa bravoure au service du duc de Toulouse et de la Marche, le très célèbre Guilhem au Court-Nez, cousin de Charlemagne et grand pourfendeur de Maures, qui termina sa vie en odeur de sainteté à l'abbaye de Gellone, en 812

Béra participa sans doute à la célèbre Bataille de L'orbieu, qui eut lieu en 793 dans les proches Corbières, près de Lagrasse. Magnifiée par la Geste médiévale sous le nom de Bataille des Alyscans – ou encore de l'Archamp - , elle se termina en hécatombe et vit la défaite du paladin Guilhem et de ses Preux, submergés par la cavalerie de l'émir Abd et Malek. Mais les Arabes, épuisés par le terrible combat, repassèrent sans tarder les Pyrénées. Par la suite, Béra conduisit de nombreux raids dévastateurs en Espagne, chez les Musulmans établis entre les Albères et la vallée de l'Ebre.

A la fin de l'année 800, pendant que Charlemagne était à Rome pour son couronnement, " l'ost " de son fils Louis le Preux – dit encore le Débonnaire -, vint mettre le siège devant l'antique dite de Barcelone. Béra était là, toujours à la mointe du combat, en compagnie de la fine fleur de la noblesse franque. Le chroniqueur Ermold le Noir dit de lui qu'il était le " princeps " des Goths en Septimanie, et le seul chef ennemi connu des Maures assiégés.

Le roi franc, entouré d'évêques et de moines chantant des cantiques, entra dans la cité reconquise le jour de Pâques de l'an 801. Après que la nouvelle de la victoire eut été portée à l'empereur, à Aix-en-Provence, Béra reçut la charge de comte de Barcelone, première grande ville d'Espagne - alors El Andalus -, reprise aux souverains Ommeyades de Damas.

Le nouveau gouverneur de Barcelone participa, dès lors, à de nombreux combats contre les " walli " musulmans de la vallée de l'Ebre, notamment aux sièges stériles de Tortosa. D'après l'historiographe de Louis le Preux, connu sous le nom de l'Astronome, il n'hésitait pas à s'enfoncer, de nuit, dans les lignes ennemies, inaugurant ainsi un mode de combat qui prit, bien plus tard, le nom de " guerilla ".

EN 811, son père Guillemund rendit son âme à Dieu. Pour régler le problème de la succession du fief familial de Razès, Béra se rendit à la cour carolingienne, à Aix-la-Chapelle. L'historien Eginhard rapporte que, lors de son séjour, il eut l'insigne honneur d'être invité à co-signer le testament de l'empereur, en compagnie des comtes palatins et des membres de la haute hiérarchie de l'Eglise – dont son compatriote l'évêque Théodulf -, présents à la cour franque.

En l'an 812, devenu comte de Barcelone et Razès, il dota richement l'évêque d'Alet, établissement religieux proche de Rhedae qui avait sans doute été créé par son aïeul, après la reconquête de la Septimanie sur les Musulmans. A cette occasion, il sollicita et obtint du pape Léon III, pour cette abbaye, le droit de dépendre directement du Saint-Siège et le don d'un fragment de la Vraie Croix. Avant lui, seuls des monarques dont le roi d'Espgne, Récarède – lors de la conversion à la foi catholique en 589 – et l'empereur Charlemagne, avaient eu droit au don de cette relique insigne de la part d'un Souverain Pontife.

En l'an 817, Béra atteignit le faîte des honneurs politiques, puisqu'il fut nommé gouverneur de la Marche d'Espagne – Catalogne et Septimanie – et reçut le titre de Marquis de Gothie. Pais peu de temps après, lors de la Diète tenue à Aix-la-Chapelle en 820, il fut victime de l'antique " morbus gothorum " - ou encore mal des complots – qui avait conduit à la ruine l'Espagne wisigothique. Accusé de menées séparatistes par l'un de ses compatriotes, un certain Sunila il fut contraint d'accepter le duel judiciaire pour tenter de se disculper.

Le combat eut lieu en champ-clos, près du palais impérial, devant la cour réunie. A la grande stupéfaction des spectateurs, les deux Wisigoths s'affrontèrent à cheval et non à pied : d'abord au javelot, ensuite à l'épée. Ce mode de combat individuel, jusque là inconnu des Francs, devait faire école par la suite et donner sans doute naissance aux fameux tournois du Moyen-Âge. Déjà relativement âgé, Béra fut blessé et vaincu par son adversaire. Condamné à mort pour crime de lèse-majesté, il fut finalement gracié par l'empereur et exilé à Rouen. Il y mourut probablement dans la solitude, loin des terres ensoleillées où il avait vu le jour et conquis une gloire éphémère !

Le marquis Béra, dont la notoriété a été masquée par celle de son mentor, le célèbre duc Guilhem de Gellone fut, au plan militaire, un acteur éminent de la reconquête de la Marche d'Espagne sur les Musulmans. Wisigoth de naissance, il fut traité par l'empereur Charlemagne comme l'un de ses proches, par le pape Léon III comme un monarque et il devint effectivement, pendant un temps, vice-roi de son pays, la vieille terre de Gothie. Autant d'éléments qui incitent à penser qu'il était sans doute de lignée royale ou, en tout cas, appartenait à l'une des familles de " personnages illustres " qui, autrefois et avec l'aide de l'Eglise, accédaient au trône de l'Espagne wisigothique.

Sources historiques :
  • Annales Franques
  • Vie de Louis-le-Pieux par l'Astronome
  • Poème sur Louis-le-Pieux d'Ermold le Noir
  • de Charlemagne d'Eginhard
  • Chansons de Geste du cycle " des Narbonnais "
  • Histoire du Languedoc de dom Devic et dom Vaissette

Preuves annexées :
  • ordonnance de 812 aux comtes de la Marche
  • Charte d'investiture de l'abbaye d'Alet de " vers 813 "
  • Actes notariés de 844 à 846
  • Bulles des papes Pascal II (1116) et Calixte II (1119)



 
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